Merci Simone, c’est un collectif de Street Art né suite à la mort de Simone Veil. L’objectif de ces 3 co-fondateurs, Julia, Eléonore et Duy-Thien, c’était de lui dire merci, tout simplement. Merci pour ses combats en faveur des femmes, de la liberté et de l’égalité.
Pour lui témoigner leur gratitude, ils ont donc créé un visuel qu’ils mettent désormais à disposition de tous ceux qui souhaitent le diffuser sur les murs de leur ville, de leurs maisons ou de leurs associations.
Pour Eléonore, l’une des 3 fondatrices du collectif, il est essentiel, aujourd’hui comme hier, de continuer à diffuser son message d’égalité et de liberté, car les droits acquis ne sont jamais éternels.
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. », disait à ce sujet Simone de Beauvoir.
Merci Simone continue donc à transmettre les valeurs de Simone Veil auprès des jeunes générations comme des anciennes en diffusant son portrait dans les rues de Paris et de toutes les villes de France.
Eléonore : « Tout a commencé à la mort de Simone Veil. On a voulu lui rendre hommage d’une manière personnelle en créant un visuel à son effigie. On l’a collé sur le mur de l’espace de coworking où on s’est rencontré. Au départ, c’était juste pour nous, on voulait simplement passer une jolie soirée ensemble en lui rendant hommage. Mais dans les jours qui ont suivi, l’affiche a été dégradée. On s’est donc dit « on nous en a vandalisée une, on va en mettre 10. »
Ils sont donc allés faire imprimer un paquet d’affiches qu’ils ont collé dans les rues du 11ème arrondissement parisien. Constatant que l’initiative plaît, que les gens prennent en photo les affiches et leur demandent comment s’en procurer, ils décident de s’organiser en collectif.
Eléonore : « On s’est rendu compte que ça devenait viral et que c’était important de fournir aux citoyennes et citoyens des outils pour partager le message et exprimer leur opinion. On a voulu leur offrir la possibilité d’avoir ces affiches chez eux. »
Permettre à tous de diffuser le message
Depuis, le collectif continue à envoyer régulièrement des affiches à tous ceux qui leur en demandent. Merci Simone s’affiche désormais dans de très nombreuses villes de France, grâce à des particuliers, des cinémas, des collectifs éphémères, notamment à Angers, Lyon et Marseille, des communautés de commune de toute la France qui reprennent le visuel et le diffusent.
Eléonore : « C’est ça qui est important pour nous, diffuser notre message partout en France et pas seulement à Paris. De même, on ne veut pas que notre message se limite à l’IVG. Bien sûr que c’est important, que rien n’est acquis et qu’il faut se battre en permanence, mais c’est loin d’être le seul combat de Simone Veil : elle a tenu tête à son mari qui ne voulait pas qu’elle travaille, elle s’est battue pour la pilule, pour une Europe unie… »
Bien plus qu’une loi
Simone Veil, c’est en effet bien plus qu’une loi. Elle incarnait son féminisme et son combat pour l’égalité dans toutes les sphères de sa vie. L’un de ses fils a d’ailleurs raconté comment elle lui avait renversé son assiette de soupe sur la tête un jour où il s’était fendu d’une remarque sexiste à table. Résumer le combat d’une vie a une loi serait par trop réducteur.
Eléonore : « Cette loi, c’était un aboutissement, la résultante d’années et d’années de combat contre le sexisme, l’intolérance. Notre message va plus loin qu’un simple merci pour l’IVG. Notre but, c’est de pouvoir faire connaître, par son visage, ses luttes multiples pour libérer les femmes. L’idée est aussi de s’en inspirer car il en reste encore beaucoup à mener, des combats. J’imagine qu’elle aurait aimé qu’on reprenne le flambeau. Pour moi, c’est important de savoir d’où on vient, de connaître son histoire pour pouvoir écrire son avenir. »
Un combat de chaque jour
Les actions du collectif sont souvent associés au 8 mars. Pourtant, Eléonore aimerait s’en détacher. Selon elle, il ne faut pas résumer le combat féministe à une seule journée dans l’année.
Eléonore : « On aimerait un peu se détacher du 8 mars. La journée de la femme, ça sous-entend un peu que toutes les autres jours, ce sont des journées réservés aux hommes. J’aimerais qu’on pense aux droits des femmes tous les jours. Nos affiches, nos valeurs, on peut les coller tous les jours de l’année. On veut montrer qu’on est là, que le combat est continu et qu’il peut être gagné. »
Les évènements Merci Simone
Au-delà des affiches, Merci Simone organise régulièrement des évènements réunissant différentes personnalités pour aborder des sujets essentiels en rapport avec les valeurs défendues par Simone Veil.
Eléonore : « Chaque année, on organise une soirée pour permettre à la communauté de se rencontrer. On travaille au quotidien dans notre coin et l’impact concret sur la vie des gens, on ne le voit pas vraiment, ces soirées où on se rencontre permettent de le mesurer et de créer du lien avec tous ceux qui nous soutiennent. »
Eléonore : « Chaque année, on organise une soirée pour permettre à la communauté de se rencontrer. On travaille au quotidien dans notre coin et l’impact concret sur la vie des gens, on ne le voit pas vraiment, ces soirées où on se rencontre permettent de le mesurer et de créer du lien avec tous ceux qui nous soutiennent. »
La première soirée a eu lieu en juin 2018, la deuxième en septembre 2019. Elle réunissait 4 intervenantes : Axelle Jah Njiké du podcast Me My Sexe and I, Ouarda Sadoudi co-fondatrice et responsable des Ateliers du Féminisme populaire, Elvire D. Charles de Clit Revolution et Bibia Pavard, historienne, doctorante à l’Université Paris II, dont la thèse porte sur les questions de contraception et d’avortement en France de 1956 à 1979.
Eléonore : « Il y a eu une table ronde au cours de laquelle on a abordé le sujet du corps de la femme, outil d’émancipation vs arme d’asservissement. Au cours de la soirée, la sérigraphe du collectif, Carine, a réalisé des sérigraphies sur les supports des participants et Julien de Hindbag, une startup qui vise à sortir les femmes indiennes de la précarité, a présenté son projet et notre collaboration. Ils ont repris le visuel pour pouvoir l’imprimer sur des carnets. »
Les bénéfices reversés à des associations
Tout l’argent récolté par le collectif grâce à la vente des affiches est reversé chaque année à des associations engagées. C’est au cours de cette même soirée que les prix ont été remis.
Eléonore : « On voulait mettre en lumière des projets qui défendent des valeurs similaires à celles du collectif. La première année, on avait choisi les ateliers du Féminisme populaire, une association à Fontenay-sous-Bois qui aident les femmes de milieux défavorisés à s’émanciper. Pour la deuxième année, on a organisé un appel à projets et on a remis une bourse aux 3 gagnantes : Humans for Women, une association étudiante féministe intersectionnelle. Les débuteuses, un club de foot féminin de Lyon qui met en avant la mixité et Mamie dans les orties, un podcast de Marion de Bouard et Héloïse Pierre, qui donne la parole à nos mamies. Un podcast génial qui permet de comprendre comment c’était avant et de réaliser que sur certaines choses, on n’a pas forcément avancé. »
En diffusant les valeurs de Simone Veil, en partageant ses combats, ses messages, avec le plus grand nombre, le collectif Merci Simone entend justement éveiller les consciences, inciter de plus en plus de gens à reprendre son flambeau afin de faire bouger les choses.
Merci Simone, demain
Eléonore : « Merci Simone ne sera pas une association temporaire, les valeurs que l’on défend ont vocation à durer. Si on veut vraiment faire les choses bien, ça prend du temps. On peut toujours commander nos affiches et nos supports, toute l’année. On fait des envois régulièrement, on aimerait organiser une soirée pour 2020 et on a plein d’autres projets qu’on aimerait mettre en place. »
D’autres soirées, d’autres débats sont donc à prévoir, de nouveaux soutiens à des associations engagées et de nombreuses séances de collages, dès que nous pourrons à nouveau sortir. En attendant de pouvoir diffuser ces messages dans la rue, n’hésitez pas à les relayer sur vos réseaux ! Pour vous procurer les visuels, c’est ici !