C’est Halloween. On entre dans l’obscurité de l’hiver, la lumière rencontre la nuit et tout devient permis. Les vivants et les morts ne sont jamais aussi proches qu’en ce jour, paraît-il, et on aime à penser qu’il y a là de quoi avoir grand peur. Voici donc de quoi vous mettre dans l’ambiance. Dehors le vent souffle, l’orage gronde, la nuit est partout et des bruits étranges déchirent le silence. Le moment parfait pour ouvrir un livre et vous téléporter à Salem, sur une scène de crime, dans des bois effrayants ou encore dans un château écossais…
Historique
Maryse Condé – Moi, Tituba, sorcière
Maryse Condé nous raconte l’histoire de Tituba, seule sorcière noire assassinée à Salem et que l’histoire d’Arthur Miller (auteur des Sorcières de Salem) a oublié. Elle nous conte sa naissance à la Barbade, d’une mère esclave violée sur un vaisseau négrier ; son enfance auprès de Man Yaya, qui lui enseigne le pouvoir des plantes et les rituels vaudou ; son amour pour John Indien, esclave lui aussi, avec qui elle est vendue au pasteur Samuel Parris ; leur départ pour Salem et la crise d’hystérie collective qui s’empara de ce village, donnant lieu, en 1692, à la chasse aux sorcières la plus tristement célèbre d’Amérique. Une œuvre tragique et magnifique.
« La vie ne serait un don que si chacun d’entre nous pouvait choisir le ventre qui le porterait. Or, être précipité dans les chairs d’une miséreuse, d’une égoïste, d’une garce qui se vengera sur nous des déboires de sa propre vie, faire partie de la cohorte des exploités, des humiliés, de ceux à qui on impose un nom, une langue, des croyances, ah, quel calvaire ! »
Halletant
Agatha Christie – Le crime d’Halloween
C’est le 31 octobre, la fête du potiron, et dans sa belle demeure cossue, Mrs Drake organise une soirée pour les « plus de 11 ans ». De nombreuses personnes préparent les festivités, parmi lesquels Mrs Oliver, romancière amie d’Hercule Poirot, et la petite Joyce qui raconte que quelques années plus tôt, elle a assisté à un meurtre. Plus tard, la fête se déroule à merveille et les enfants s’amusent follement mais après le départ des invités, le corps sans vie de la jeune Joyce est découvert dans la bibliothèque, noyée dans une bassine remplie d’eau et de pommes servant au jeu bob-for-apples. Hercule est alors appelé pour mener l’enquête. Halloween + Agatha Christie = le mélange parfait. Le suspense est totale et l’intrigue, une fois dénouée, est d’une complexité jouissive.
« À ce moment, Mrs. Oliver se redressa et promena son regard alentour.
— Que puis-je faire pour me rendre utile ? Quelles jolies pommes, vous avez là ! s’exclama-t-elle en fixant avec envie une coupe pleine de fruits rouges que l’on apportait.
— Elles ne sont pas très bonnes, avoua Rowena Drake, mais elles donneront une note gaie à la soirée. Je les réserve pour le jeu qui consiste à les pêcher avec les dents dans un seau rempli d’eau. Elles sont tendres et les joueurs n’auront pas de mal à les mordre. Voulez-vous les porter dans la bibliothèque, Béatrice ? Le tapis y est usé et ne craindra pas les flaques qui ne manqueront pas de se répandre autour du récipient. Vous vous en chargez, Joyce ? Merci.
Joyce, une fillette robuste d’une dizaine d’années, prit la coupe… »
Malicieux
Jane Austen – Northanger Abbey
En pleine Angleterre Victorienne, Catherine Morland, jeune fille naïve, passionnée de vieux châteaux et de romans gothiques, est invitée à séjourner chez les Tilney qui vivent dans une somptueuse maison aux recoins angoissants à souhait. Fascinée par le fils de la famille qu’elle rêve d’épouser mais persuadée qu’un grand secret entoure la mort de la maîtresse de maison, la jeune ingénue mène l’enquête, à ses risques et périls… On retrouve dans ce roman tout ce qu’on aime chez Jane Austen : la campagne anglaise, les jeunes premières, les bals, les châteaux mystérieux, le romantisme suranné et une tendre malice dans la manière de faire évoluer son héroïne, tantôt touchante, tantôt franchement agaçante. On n’est décidément jamais déçu par Jane Austen.
« Tandis que ses hôtes regagnent confortablement l’aile qu’ils habitent, Dorothy, l’antique femme de chambre, conduit solennellement la jeune fille vers un autre escalier, et après avoir longé maints lugubres couloirs, l’introduit dans des appartements que nul n’a habité depuis qu’une cousine ou un parent quelconque y a trouvé la mort vingt ans plus tôt. Pourrez-vous supporter pareille cérémonie ? Ne serez-vous pas en proie à la plus affreuse inquiétude lorsque vous vous retrouverez dans cette triste chambre trop haute et trop vaste pour vous, avec comme seul éclairage dans cette immensité, la faible lueur d’une lampe unique ? Votre cœur ne succombera-t-il point ? »
Initiatique
Ray Bradbury – L’arbre d’Halloween
C’est la nuit d’Halloween et Tom Skelton, déguisé en squelette, parcourt la ville avec ses amis pour récolter des friandises. Seul leur copain Joe Pipkin, le meneur de la bande, manque à l’appel. Où peut-il bien être ? Quand ils frappent à la porte de Montsuaire, ils n’imaginent pas ce qui les attend. Un homme étrange et inquiétant leur ouvre la porte et les entraîne avec lui dans un curieux voyage initiatique à travers l’espace et le temps qui les mènera jusqu’aux origines d’Halloween… Un conte d’Halloween onirique, malicieux et poétique, pour remonter le temps et s’interroger, mine de rien, sur la mort, l’inconnu, l’obscurité et la peur qu’elle fait naître en chacun de nous.
« Chez nous, dans l’Illinois, on a perdu le sens de tout ça. Je parle des morts : là-bas, dans notre ville, ce soir, personne n’y pense. Tout le monde s’en balance. On ne s’installe pas près d’eux pour leur parler. Ils doivent se sentir si oubliés, si malheureux. »
Horrifique
Emily Carroll – Dans les bois
Cinq contes graphiques, horrifiques et fantastiques pour trembler et frisonner d’angoisse sous les couvertures. Vous trouverez ici des cabanes dans les bois enneigés, des loups, des monstres, des jeunes filles qui disparaissent, des fantômes, des meurtres sanglants… bref, tout ce qu’Halloween peut avoir de plus glaçant et terrifiant se trouve réuni dans ce recueil aux dessins plein de noirceur et de poésie, délicieusement effrayants. Tremblez et laissez-vous surprendre !
« Sais-tu, petite, que tu portes mon collier ? (…) Lorsque je t’aurai mise en pièces, petite, alors je serai apaisée. »