Suivre son instinct, tout changer et ne jamais rien lâcher, contre vents et marées. C’est ce qu’a fait Stéphanie en quittant sa vie de créative parisienne pour devenir bergère dans le Cotentin, il y a 11 ans. Elle nous a racontés son histoire, son métier, son quotidien, ses combats, ses victoires et les grandes leçons de vie retenues en chemin.

Stéphanie n’a pas 30 ans quand elle décide de changer de métier pour partir élever des moutons en Normandie. Pourtant, rien ne prédestinait cette citadine à quitter la ville où elle était née pour épouser un mode de vie rural ô combien éloigné des frivolités urbaines qu’elle avait toujours connues.

« J’étais une parisienne cliché : je suis née sur l’île de la cité, en plein cœur de Paris, j’ai grandi entre le 16e arrondissement et Saint-Germain-en-Laye, dans un milieu plutôt bourgeois, j’ai fait une école de cinéma et avant de quitter Paris, j’étais intermittente du spectacle : je travaillais dans l’audiovisuel et le cinéma. J’étais également graphiste en freelance. »

Une vie dans laquelle elle pensait être heureuse et épanouie, jusqu’au jour où elle a découvert par hasard le littoral du Cotentin et ses près salés, de grandes étendues de terre recouvertes par la mer lors des marées et sur lesquelles broutent des moutons.

«  J’ai gagné un séjour d’une semaine dans un gîte en participant par hasard à un tirage au sort. Au début, je ne voulais même pas y aller. J’ai regardé sur une carte où se trouvait ce bled, j’ai vu que c’était hyper loin de Paris, pas du tout du côté de Deauville, ça ne me tentait pas du tout. C’est mon conjoint qui m’a convaincue. Il connaissait le coin et l’idée lui plaisait. »

Elle le suit donc en se promettant de ne pas mettre le nez dehors de toute la semaine. Mais il se trouve que leur gîte est situé près d’un élevage de brebis.  En fin de semaine, l’éleveur vient leur demander de l’aide pour rentrer son troupeau en prévision d’une grande marée. Ça va vous apprendre un peu la vie et vous revivifier, leur dit-il. Ils acceptent. Cette expérience va changer sa vie.

L’impression de respirer pour la première fois

« Le fait de me retrouver au milieu des près salés, ça a été un électrochoc positif. J’ai vraiment ressenti la cohésion de l’endroit où j’étais : les animaux qui vivent à leur rythme sur de grands espaces avec, au milieu de l’herbe qu’ils broutent, des coquillages, des petits crabes et des algues. Et puis, dans les près salés, il n’y a pas de relief. Quand on regarde autour de soi, on ne voit que du ciel et de l’herbe à perte de vue. J’ai eu l’impression de respirer pour la première fois. »

Plus tard dans la nuit, l’éleveur vient à nouveau leur demander de l’aide pour faire face aux nombreuses naissances d’agneaux en cours. « Je me suis retrouvée dans la bergerie, à toucher des moutons et des brebis, à chercher un agneau nouveau-né qui s’était perdu dans la paille pour l’amener téter sa mère, sans quoi il allait mourir. J’avais jamais fait ça et ce contact physique a été très puissant. C’est une émotion qui a changé ma vie. »

Le lendemain, les vacances touchent à leur fin et Stéphanie regagne Paris. Mais quitter les moutons est pour elle un déchirement. Elle ne pense qu’à revenir.

« Pendant les 2 années suivantes, je suis revenue très souvent pour aider l’éleveur. Quand on avait de l’argent, on louait un petit gîte, sinon, on dormait chez lui, sur son canapé. Chaque fois, je me sentais vraiment heureuse et vivante au contact des moutons. »

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Sauter le pas, affronter l’inconnu

Voyant que sa passion ne s’étiole pas, l’éleveur finit par lui proposer de prendre sa suite puisqu’il compte partir à la retraite et qu’il n’a pas de repreneur. Il lui propose de venir s’installer sur place afin de préparer la transmission. On la met en garde : un éleveur local ne donnera jamais son troupeau à une parisienne fraîchement débarquée ! Mais Stéphanie n’écoute pas. Elle veut y croire, c’est le déclic qui lui manquait, le signe que ce rêve un peu fou pouvait devenir réalité.

« Cette proposition, c’est ce qui m’a permis d’oser penser à devenir agricultrice puisque j’avais soudain une exploitation et un troupeau qui m’attendaient. Je me suis donc inscrite au lycée agricole de Coutances, pour avoir une formation technique un peu solide avant de me lancer. »

(C) KMBO – photo extraite du film Jeune Bergère de Delphine Détrie

Première confrontation avec la rudesse locale

Après un an de lycée agricole, Stéphanie retourne travailler avec l’éleveur pour commencer à préparer la passation du troupeau. Mais elle comprend rapidement qu’il n’a pas du tout l’intention de partir à la retraite, encore moins de lui donner son troupeau. Il a juste profité de sa crédulité pour bénéficier de main d’oeuvre gratuite. Il est d’ailleurs coutumier du fait puisqu’il fait exactement la même proposition à tous les apprentis agriculteurs de passage.

« On était plusieurs sur son exploitation à faire tout son boulot, à bosser comme des dingues en croyant être l’élu qui hériterait du troupeau, avant de se rendre compte qu’on avait tous eu droit à la même promesse qu’il n’avait aucune intention de tenir. Les autres, originaires du coin, sont repartis chez eux, mais moi, je venais de loin, j’avais tout brûlé derrière moi pour ce projet, j’étais folle de rage ! Je me suis dit qu’il était hors de question que je me laisse découragée par ce sale type. J’étais venue ici pour élever des moutons, j’en élèverais. »

Trouver un plan B

Stéphanie doit donc modifier ses plans pour construire son propre projet. Il a fallu emprunter de l’argent, trouver des terres pour s’installer et se constituer un troupeau.

« Trouver des terres, c’est le nerf de la guerre, en agriculture. Sans terre, on ne peut pas s’installer. Il faut donc repérer les terres en friche, trouver à qui elles appartiennent, envoyer des lettres aux propriétaires, aller boire des coups avec eux pour qu’ils apprennent à nous connaître, qu’ils réalisent qu’on n’est pas là pour voler le patrimoine de leurs enfants, qu’il s’agit d’un projet sincère et authentique. Puis je suis allée voir les banques pour obtenir un prêt et il a ensuite fallu convaincre les services administratifs de m’autoriser à devenir agricultrice. »

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(C) KMBO – photo extraite du film Jeune Bergère de Delphine Détrie

Un élevage naturel, en cohérence avec son environnement

Stéphanie démarre son exploitation avec un troupeau de 100 brebis. Elle en a aujourd’hui 180, répartis sur 2 sites naturels immergés par la mer à chaque marée. Cela peut paraître beaucoup mais on considère que pour pouvoir tirer un revenu d’une exploitation de ce type, il faut 600 brebis.

« D’ailleurs, il y a beaucoup d’agriculteurs qui considèrent que je ne suis pas une vraie agricultrice parce que je suis trop petite. Moi j’estime que si on veut prendre soin de ses animaux, les connaître, bien les traiter, il ne faut pas en avoir trop. Sinon on est vite dépassé. »

Stéphanie veut élever ses brebis le plus naturellement possible. Pour cela, elle a choisi de réhabiliter une race locale délaissée et menacée de disparition, le Mouton de l’Avranchin.

« Je défends l’autonomie paysanne, la rusticité et l’adaptation à l’évolution climatique. Pour cela, je privilégie des races rustiques et adaptées à leur environnement. Pour qu’elles soient autonomes, qu’elles s’adaptent au climat, aux sources de nourriture locales et qu’elles n’aient pas besoin qu’on soit sans cesse en train de les vermifuger, les nourrir avec des granulés ou leur filer des antibiotiques. Je veux que mes bêtes soient bien, adaptées à leur territoire. »

Elle est toujours ébahie par le point de vue de certains agriculteurs qui veulent façonner la nature selon leurs contraintes. Pour elle, l’avenir de l’agriculture, c’est tout l’inverse.

« De toute façon, la nature aura toujours le dernier mot. C’est à nous de nous adapter à elle. Certains de mes confrères ont une vision incroyablement arrogante. Ils veulent soumettre la nature. Quand je les entends parler, j’ai l’impression d’écouter des pharmaciens : ils parlent de médicaments, de taille de seringues, d’antibiotiques… C’est pas le métier que je défends. »

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Multiplier les sources de revenus

Pour compléter ses revenus, elle a développé d’autres activités. Elle fait de l’accueil à la ferme et anime toutes sortes d’évènements agri-culturels dans sa bergerie, elle organise également des balades dans les près salés, durant l’été. Elle produit des infusions avec des plantes sauvages qu’elle ramasse dans les espaces naturels autour de chez elle.

De plus, avec des éleveurs locaux pratiquant un élevage naturel, Stéphanie a créé le collectif Laines à l’ouest pour transformer la laine de leurs moutons. Chaque été, des tondeurs passent dans les élevages, les plus belles toisons sont ensuite envoyées dans l’une des dernières filatures familiales pratiquant le travail à façon, dans la Creuse.

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« Il faudra attendre 3 ou 4 ans avant de pouvoir tirer des bénéfices de cette activité mais malgré tout on est contentes parce qu’on est parties de rien, on n’a pas emprunté d’argent, on n’a touché aucune subvention et on arrive à auto-financer la création de cette filière. En agriculture et en artisanat, le simple fait de ne pas perdre d’argent est une victoire en soi ! »

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Les saisons d’une bergère

En hiver

« En hiver, il faut que les brebis soient rentrées. En dehors du fait qu’il n’y a plus d’herbe à brouter dans les près, c’est la saison des naissances et je ne pourrais pas prendre le risque de laisser les agneaux naître dehors à cause des prédateurs. Les brebis sont donc dans la bergerie et je suis à leur service. Toutes mes journées sont dédiées à accompagner les mises-bas, il y en a souvent plusieurs par jour et je me relève souvent la nuit. »

Au printemps

« Dès que je vois qu’on a quelques jours de beau temps qui s’annoncent et des pousses d’herbes bien appétissantes, je sors progressivement les brebis et leurs agneaux. C’est du cas par cas. Je sors d’abord les brebis dont les agneaux sont les plus vaillants. Celles dont les agneaux sont moins dégourdis, je les chouchoute un peu plus longtemps en bergerie. »

La première sortie, c’est toujours un moment important pour ces agneaux qui découvrent le monde extérieur pour la première fois.

« Au début, ils sont un peu paniqués par ce grand ciel au-dessus d’eux, ils découvrent les autres troupeaux et réalisent qu’il existe des centaines d’autres moutons sur terre. Ils sont heureux de découvrir qu’ils ont 4 pattes, qu’ils peuvent bondir, courir. Ils sont très joueurs, ils courent ensemble très vite, ils font des grandes rondes. A les regarder, l’expression « gambader comme un agneau » prend tout son sens. »

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En été

« Dès le moi de mai, ce qui peut arriver de mieux à un mouton, c’est qu’on lui foute la paix ! Qu’on le laisse gambader sur des centaines d’hectares d’herbes, qu’il vive à son rythme, qu’il mange à sa faim, qu’il dorme sous un arbre ou au bord de la rivière s’il le veut. Je rentre le troupeau une fois par mois, aux grandes marées, mais sinon je n’interviens pas. Mai, juin, c’est ma saison de cueillette de fleurs sauvages pour produire mes tisanes. Juillet et août, ce sont les mois consacrés à l’accueil des estivants, avec qui je fais des visites du troupeau et des balades pieds nus dans les près salés. C’est aussi la saison de tonte et de collecte des toisons dans les élevages. »

À l’automne

« En septembre, c’est à nouveau une bonne période pour la cueillette de fleurs sauvages. Puis en octobre et novembre, c’est le moment où je me consacre à mon activité de conserverie, avec des légumes que je récupère chez des producteurs locaux. Décembre arrive, avec les marchés de noël, j’y vends mes tisanes et ma laine. Et à nouveau, en janvier, les brebis rentrent pour l’hiver. »

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Dix ans après, aucun regret

Cela fait 11 ans que Stéphanie vit dans le Cotentin et 9 ans qu’elle a lancé son exploitation. Une décision qu’elle n’a jamais regrettée, malgré les nombreux obstacles qu’elle a dû surmonter.

Se révéler à soi-même

« L’élevage, c’est dur, c’est crade, ça paie pas, les mentalités sont rudes, on n’a plus jamais un jour à soi de toute sa vie. Il faut avoir en soi une vision très puissante pour pouvoir tenir le coup. Supporter les saisons, la météo parfois très rude, l’inconfort, la mortalité des animaux, les mauvaises nouvelles financières. Mais quand on a en tête un idéal profondément ancré, ça nous aide à tout surmonter. »

D’ailleurs, pour rien au monde elle ne quitterait sa Normandie d’adoption pour retourner à son ancienne vie. Quand on lui demande ce qu’elle a appris en embrassant ce nouveau métier, Stéphanie ne cherche pas à minimiser les difficultés rencontrées, mais pour elle, ce sont justement ces épreuves qui lui ont le plus apporté.

« La chose la plus extraordinaire, c’est de découvrir en soi des ressources insoupçonnées grâce aux obstacles qu’on rencontre. Réaliser qu’on est capable de choses incroyables parce qu’on n’a tout simplement pas le choix : rouler une botte de foin de 350 kilos toute seule parce que le tracteur est en rade, passer des hivers sans chauffage, apprendre seule à couper du bois parce que personne ne peut le faire pour vous, voir sa bergerie s’écrouler sous le poids de la neige et en sortir des brebis mortes, ce sont des choses extrêmement dures mais ce sont aussi des leçons de vie incroyables, ça m’a transformée, ça m’a révélée à moi-même. »

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Affronter la médiocrité, cultiver sa liberté

« Paradoxalement, ce n’est pas ce qui m’a semblé le plus dur à endurer depuis que je vis ici. Le pire, c’est la découverte d’une forme de médiocrité humaine et d’un certain obscurantisme. Dans des petits villages complètement abandonnés par l’administration, certains vivent encore comme au moyen-âge. Ils sont misogynes, racistes, n’ont aucune ouverture. J’ai déjà été victime de nombreux actes de malveillance : on m’a volé des bêtes, j’ai eu peur de me faire agresser en croisant certaines personnes sur des chemins isolés, on a inondé ma bergerie en déversant 4000 litres d’eau dedans pour noyer mes agneaux, on m’a menacée d’y mettre le feu. Je reçois des lettres d’insultes et des lettres d’amour, parfois des mêmes personnes. Il y a aussi de l’entraide et j’ai rencontré des personnes bienveillantes, mais cette terrible facette de l’humanité existe. »

Pour elle, la raison de cette animosité à son encontre est très claire : on lui reproche d’être une femme libre et indépendante.

« Cela choque certains hommes du coin que je n’ai besoin de personne. Ce n’est pas mon mari qui conduit mon tracteur, c’est mon tracteur et je me débrouille toute seule. En plus, je m’exprime comme une femme libre, personne ne me dit quoi faire, c’est moi qui prend mes propres décisions. Ici, c’est plutôt inhabituel donc je représente une menace. Pour eux, tout ce que j’incarne est insupportable. »

Bien sûr, un grand nombre de gens avec qui Stéphanie travaille et interagit n’ont rien en commun avec ces quelques personnes mal intentionnées. « Il y a aussi des gens qui viennent m’apporter des légumes, qui m’aident à désembourber mon tracteur et sont prêts à me rendre service, mais je trouve nécessaire de dénoncer cet obscurantisme parce que je rencontre ces comportements chez des hommes plutôt jeunes, donc on ne peut même pas imputer ça à des vieux d’un autre âge. »

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(C) KMBO – photo extraite du film Jeune Bergère de Delphine Détrie

Concilier vie d’éleveuse, vie de famille et vie sociale

Au quotidien, Stéphanie se définit comme plutôt solitaire, même si elle est très entourée professionnellement. « La notion d’amitié est très différente quand on est agricultrice et qu’on vit à la campagne. On a des vies très fatigantes, avec des emplois du temps de folie. Mes quelques amis vivent à 1h de route donc on ne peut pas débarquer les uns chez les autres pour un dîner. Du coup, je fréquente surtout les gens avec qui j’ai un projet, c’est ce qui nous relie : faire des choses ensemble, défendre une cause, s’entraider, partager un combat plutôt que juste boire des coups et rigoler. C’est des relations très fortes parce qu’on est dans une forme de survie. C’est une toute autre conception de l’amitié. »

Elle vit avec son fils, né au moment de son départ pour la Normandie. Il a aujourd’hui 10 ans. Construire sa nouvelle vie d’agricultrice tout en s’occupant d’un bébé, ça a bien sûr était compliqué mais c’était aussi un moteur.

« C’était très structurant : ça m’a obligé à être exigeante avec moi-même parce que je voulais lui offrir une belle enfance, équilibrée, avec un toit digne de ce nom au-dessus de la tête. Aujourd’hui il vit avec moi, il fréquente une petite école qui fonctionne en classe unique et il voit souvent son père qui vit entre Paris, ici et l’Afrique où il est en train de créer une plantation de cacao équitable. A 10 ans, mon fils a déjà tourné dans un long-métrage, il a une sœur adoptive en Afrique et il sait aussi soigner une mastite de brebis. Il a la chance de pouvoir connaître ces différents modes de vie sans être dans le fantasme ou le cliché. Il aura donc tous les atouts pour choisir le mode de vie qui lui convient le mieux. »

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(C) KMBO – photo extraite du film Jeune Bergère de Delphine Détrie

Jeune Bergère, le film de Delphine Détrie consacré à Stéphanie

Delphine Détrie, réalisatrice indépendante, a passé plus d’un an à tourner un documentaire sur le métier de Stéphanie. Elle en a tiré un très beau film, Jeune Bergère, sortie le 27 février dernier, qui vient déjà de recevoir le prix du Meilleur Film étranger à l’Environmental Film Festival de Washington.

La réalisatrice était déjà venue faire un reportage chez Stéphanie quelques années avant le tournage de ce documentaire, à l’époque pour TF1. Elle avait été frustrée de voir son sujet formaté par la chaîne et vidé de sa sève. Pour elle, le sujet ainsi monté ne permettait pas de saisir toute la réalité du métier d’agricultrice. Ce tournage était survenu à un moment où elle-même n’était plus en phase avec son travail pour la télévision. Elle souhaitait devenir réalisatrice indépendante, traiter de sujets plus en profondeur, délivrer des messages engagés. La rencontre avec Stéphanie fut pour elle décisive.

«  Elle voulait que son métier améliore le monde et elle retrouvait, dans ma manière de parler du mien, cette dimension-là. C’est pour ça qu’elle m’a rappelé quelques mois plus tard en me disant ‘ je ne veux plus bosser pour la télé, je veux que ce que je filme ait un sens, est-ce que tu veux bien être le sujet de mon premier documentaire ? ’ »

Tourner selon la nature

Le tournage a été très intimiste. La réalisatrice avait peu de moyens, elle n’avait donc pas d’équipe de tournage, elle dormait chez Stéphanie, partageant sa vie de famille aussi bien que son quotidien d’éleveuse.

« En élevage, on est complètement soumis à la saisonnalité des animaux et de la végétation. En plus, dans les prés salés, je suis également totalement soumise aux marées. Lors du tournage, Delphine s’est vraiment laissée emporter par les saisons, elle a laissé la nature lui imposer son rythme de tournage. »

Une philosophie en adéquation avec la manière de travailler de Stéphanie et aux antipodes des dictats télévisuels. Cette relation au long cours entre les deux femmes a permis la création d’un film entier et authentique, très loin des clichés habituels liés à la paysannerie. On y embrasse tous les aspects du quotidien de Stéphanie, des plus touchants aux plus difficiles, avec le souci permanent de rester ancré dans le réel, sans jamais tomber dans la romance ou le pathos.

« Ce parallèle entre nos deux cheminements, le fait aussi qu’on soit deux femmes de la même génération, avec les mêmes valeurs, a créé une forme d’osmose entre nous. J’étais en confiance totale avec elle, jusqu’à même oublier la présence de la caméra. »

Filez donc voir ce très beau film ! Ici, on est sûr que vous en sortirez au moins aussi revivifié que nous après notre rencontre avec Stéphanie. Et qui sait, peut-être lui rendrez-vous visite, cet été, en Normandie ?

Pour en savoir plus et découvrir le film, voici la liste des cinémas où il est projeté :
http://www.allocine.fr/seance/film-265081/recherche/?q=bordeaux
https://www.facebook.com/jeunebergerelefilm/

Pour vous procurer les tisanes de la Cotentine, c’est ici :
https://www.etsy.com/fr/shop/CotentineModerne

Pour lui rendre visite ou la contacter, c’est là :
https://www.facebook.com/lacotentinemoderne/
http://www.lacotentinemoderne.fr/

Ici, un podcast France Culture consacré à Delphine Détrie et Stéphanie Maubé :
https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel/etre-bergere-un-metier-different-a-chaque-saison

Crédits Photos :
– KMBO
– Stéphanie Maubé