Dans un monde consumériste où l’on semble vouloir toujours plus sans jamais être satisfait, de plus en plus de mouvements apparaissent, qui vont à l’encontre de cette course à la croissance pour proposer une vision du monde centrée sur des valeurs plus humaines et bienveillantes, prônant un retour à la liberté. Le Tiny House Movement est l’un d’entre eux.
Brève histoire d’un mouvement d’avenir
Entre les années 70 et les années 2000, la taille moyenne des maisons aux Etats-Unis a presque doublé. En France, au cours de la même période, la taille des habitations a également considérablement augmenté. Cette tendance a eu pour effet d’accroître le budget alloué à l’habitat ainsi que les dépenses d’énergie nécessaires au fonctionnement de ces maisons. Ceci est d’autant plus absurde qu’en parallèle, la taille des familles a quant à elle diminué !
Le Tiny House Mouvement est né en réaction à cette tendance irrationnelle. Le fondement du mouvement est simple, il s’agit de réduire la taille des maisons pour retrouver plus de liberté et réduire notre impact environnemental.
Un mouvement poussé par la crise
Le concept de petites maisons n’est bien sûr pas nouveau. De tout temps, des peuples du monde entier ont vécu dans des espaces restreints : yourtes, igloos, tippies, chalets, grottes et plus récemment mobil-homes, roulottes, camping-car ou vans aménagés…
Ce qui explique le succès grandissant de ce type d’habitation longtemps rejeté par la société consumériste pour qui le mieux passe toujours par le plus, c’est non seulement une prise de conscience éthique et écologique, mais c’est aussi la fracture économique et la précarité grandissante d’une grande partie de la population.
Ainsi, en 2005, Marianne Cusato crée le Katrina Cottage, une habitation de 28 m2 destinée aux sinistrés de l’ouragan Katrina. Quelques années plus tard, en 2008, le concept de petites maisons devient particulièrement populaire suite à la crise financière à cause de laquelle des milliers de personnes ont perdu leur maison et toutes leurs économies.
Les Tiny House proposaient une nouvelle manière de se loger, plus chichement, certes, mais sans rien sacrifier au confort et au bien-être, en ajoutant même une nouvelle dimension à l’idée d’habitat. Il s’agissait de ne pas simplement subir ce drame mais de le transformer en une véritable expérience de vie.
Une occasion unique de prendre du recul, d’interroger nos certitudes pourtant fragiles et d’inventer une maison alternative qui modifie notre rapport au monde.
Une Tiny House, concrètement, c’est quoi ?
Une Tiny House est une véritable maison dont la surface fait au minimum 9m2. La plupart d’entre elles font entre 10 et 40 m2. Comme toute maison, elle doit posséder quelques caractéristiques essentielles :
- Des murs, un toit et des ouvertures.
- Différents espaces : cuisine, couchage, salle de bain, espace de vie, rangements…
- Un système de chauffage.
- Un système d’eau courante et de gestion des eaux usées.
Conçue pour être très fonctionnelle, une tiny house permet d’obtenir un confort maximal dans un espace minimal. Sa taille restreinte oblige ses occupants à adopter un mode de vie plus sobre, moins encombré, sans accumulation ni fioritures.
La législation
Dans le cas d’une maison mobile, aucun permis de construire n’est requis et la maison est soumise à la même législation que les caravanes. Elle peut donc être installée sur un terrain privé pour une durée de 3 mois maximum, sauf autorisation spéciale.
Pour pouvoir se déplacer, la maison doit respecter les mêmes obligations légales que les remorques, sa largeur ne doit donc pas excéder 2,55m et son poids doit être de 3,5 tonnes maximum, moins la remorque. Elle nécessite d’autre part une assurance véhicule ainsi qu’une assurance habitation.
(c) MiniMod – Map Architects
Une véritable philosophie de vie.
La liberté financière
Pourquoi contracter un emprunt qui nous entrave pendant des années quand on peut vivre confortablement en conservant sa liberté ?
Le coût d’une Tiny House varie de 15 000€ et 50 000€ pour un modèle de taille moyenne tout équipé, soit environ 3 à 4 fois moins cher qu’un pavillon traditionnel en province et 10 fois moins cher qu’un appartement dans une grande ville de France. À cela s’ajoute une taxation faible puisque la surface est réduite et l’habitation mobile.
Pour réaliser encore plus d’économies, certains se lancent même dans l’auto-construction de leur Tiny House, en se basant sur les nombreux plans disponibles gratuitement en ligne.
Dans une société où le logement est la source de dépense principale de bien des ménages avec des emprunts atteignant parfois plus d’un tiers des revenus sur 15, 20 ou 25 ans, c’est une alternative qui permet de conserver son autonomie financière et sa sérénité.
La mobilité
Pourquoi s’enraciner à un endroit quand on peut parcourir le monde avec sa maison ?
Qu’elle soit totalement mobile ou simplement transportable, la petite taille de ces maisons les rend bien plus faciles à déplacer qu’une maison traditionnelle. On peut donc changer de cadre de vie sans difficulté. De nombreux propriétaires de Tiny House parcourent le monde à bord de leur maison tractée par une simple voiture.
Dans la lignée de la sobriété heureuse prônée par Pierre Rabhi, les Tiny House sont la promesse d’un retour à l’essentiel, loin de toutes les considérations superflues que la société de consommation tente de nous rendre indispensables.
Le respect de l’environnement
Pourquoi abîmer l’environnement et gaspiller des ressources fossiles quand on peut tirer partie de la nature sans jamais l’altérer ?
Petites, fabriquées de manière durable, énergétiquement autonomes, les Tiny House ont un faible impact sur l’environnement.
Elles sont fabriquées avec des matériaux écologiques (bois, laine de bois, etc.), elles sont généralement équipées d’un groupe électrogènes alimentés par des panneaux solaires qui leur permettent de produire leur propre énergie, elles possèdent également un système de filtration écologique des eaux usées qui permet de recycler l’eau de manière autonome.
La Tiny House, c’est un symbole. Celui d’une génération qui refuse les codes de la société de consommation et optent pour la liberté plutôt que la sécurité et ses contraintes, le nomadisme plutôt que l’attachement à un lieu unique, le retour à la nature plutôt que l’urbanisme forcené, l’enchaînement d’expériences plutôt que l’accumulation de biens.
(c) Tumbleweed Cypress off on another adventure!