Créative, féministe et volontiers rebelle, Alicia aime mettre son talent et son savoir-faire au service de causes justes. Elle a co-fondé TitsUp, une marque de t-shirts décalés et engagés, qui incite les femmes à libérer leurs seins mais aussi à les protéger du cancer du sein. Elle nous a racontés son histoire et celle de sa marque…

L’histoire de TitsUp commence avec la rencontre d’Alicia et Marco, tous deux étudiants à Paris et d’emblée sur la même longueur d’onde : ils ont grandi entourés de femmes, partagent une passion pour la mode, ont une fâcheuse tendance à ne rien vouloir faire comme tout le monde et souhaitent monter leur entreprise. Cette volonté d’entreprendre associée à leur attachement pour la cause féminine et leur indépendance d’esprit ont rapidement donné naissance à TitsUp, une marque à l’univers unique, joyeux et bienveillant, porteuse de messages forts et qui a déjà réuni, en un an, une communauté de près de 44 000 abonnés sur Instagram !

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Sororité et liberté de pensée

Alicia est née en région parisienne, en Seine-Saint-Denis. Elle y a grandi dans un environnement féminin, d’abord à la maison avec sa mère, mais également au sein de l’école qu’elle a fréquentée toute son enfance, un établissement privé catholique réservé aux filles. A la maison, on lui transmet très tôt l’idée que la liberté est essentielle et qu’elle a le droit de faire ce qu’elle veut sans se laisser imposer de règles auxquelles elle n’adhère pas.

« Ma mère, espagnole, a quitté sa famille très tôt pour venir en France. Sa famille était assez conservatrice et elle était différente de ses sœurs, elle osait s’habiller comme elle voulait, parler comme elle voulait. Elle m’a beaucoup parlé de féminisme, souvent sans en avoir conscience, ça se faisait naturellement, c’était évident. C’était sa lecture du monde et elle me l’a transmise. »

A l’école également, Alicia cultive son indépendance, sa différence, encouragée par des professeurs éclairés.

« On avait un cadre assez strict, il y avait beaucoup de dogme, les Sœurs qui nous surveillaient nous disaient « les filles ça fait pas ci, ça parle pas comme ça », mais on avait aussi de très bons professeurs qui nous transmettaient une autre façon de voir les choses, parfois à l’opposé de ce que nous disaient les Sœurs. C’était un peu paradoxal et ça nous a permis de développer notre esprit critique. »

Une manière de poser un cadre strict tout en donnant des outils pour en sortir intelligemment afin de permettre à chacun de se construire à sa façon, avec ses paradoxes, ses spécificités et le poids de son héritage familial.

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« J’ai eu toutes sortes d’amies, dans cette école. Certaines très libérées, qui vivaient dans des familles très ouvertes, d’autres très sages et pieuses. Par moment, on se sentait enfermées dans la religion, à d’autre moments, on avait des cours consacrés à des discussions libres, notamment sur la femme, la féminité. Je pense qu’au fond, leur objectif, c’était de nous apporter plusieurs visions du monde et de nous laisser nous faire notre propre idée. J’ai vécu de très belles expériences et je me suis fait de très bonnes amies là-bas. Il y avait aussi beaucoup de bienveillance entre nous. »

Cette éducation a incité Alicia à faire ses propres choix sans se laisser influencer par des dictats moraux, religieux ou sociaux. Pour elle, s’exprimer à travers ses tenues, par exemple, le faire sans crainte d’un quelconque jugement, c’est quelque chose de naturel.

« Je n’ai pas honte de m’habiller exactement comme je veux. J’ai vu que ça pouvait gêner certaines personnes mais moi je n’ai pas peur du regard des autres. Je suis née en banlieue, j’ai remarqué qu’on y est plus réservé qu’à Paris, surtout quand on est une fille. On ne veut pas attirer l’attention. A 15 ans, j’idéalisais Paris, la liberté, la mode. J’aimais beaucoup traîner avec des parisiennes parce qu’elles m’inspiraient beaucoup, je me disais que moi aussi j’avais envie de m’habiller comme ça et très tôt, j’ai eu envie de m’exprimer à travers mes vêtements. Déjà au collège, on m’en parlait souvent, je n’hésitais pas à être différente. »

Alicia représentait pour ses copines de classe ce que ses amies parisiennes lui inspiraient à elle : l’audace et la liberté. Quelques années plus tard, c’est le même message qu’elle adresse aux jeunes femmes à travers sa marque : soyez vous-mêmes, osez, ne craignez pas de vous révéler.

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La volonté d’entreprendre

Après avoir obtenu son bac, Alicia s’inscrit en BTS audiovisuel. Attirée par le graphisme et les métiers créatifs, elle espère trouver sa voie dans l’univers de la production audiovisuelle.

« Dans mon école, on ne nous orientait que vers des filières générales. Moi j’aimais bien tout ce qui était graphisme, vidéo donc j’ai choisi un BTS audiovisuel. Dans mon école, on était très couvées, dans une bulle, et quand j’en suis sortie j’ai eu l’impression de découvrir le monde. Rien que le fait d’aller dans une école mixte à l’autre bout de Paris, c’était très nouveau pour moi. »

C’est dans sa nouvelle école qu’elle rencontre Marco. Rapidement, ils réalisent que leurs expériences respectives en entreprise ne leur correspondent pas et qu’ils ne veulent pas suivre la voie toute tracée pour eux par leurs parents. Ce qu’ils veulent, c’est entreprendre, créer quelque chose de toutes pièces, par eux-mêmes, en accord avec leurs valeurs et leurs convictions. Ils passent alors des heures à se renseigner sur le monde des start-up et la création d’entreprises.

« J’étais en alternance dans des sociétés de production audiovisuelle où je ne trouvais pas ma place. Pour Marco, c’était pareil. On a toujours eu un esprit d’entrepreneur, lui et moi. Pourtant, je ne viens pas du tout d’un milieu entrepreneurial. Quand j’ai dit à ma mère que j’allais me lancer, elle était apeurée. Elle voulait que je fasse de grandes études, que je sois embauchée dans une grande entreprise, c’était son image de la réussite. C’est peut-être pour ça que j’ai voulu aller à contre-courant. J’ai voulu faire quelque chose de différent, montrer que j’étais capable de faire quelque chose de A à Z, qu’un autre monde était possible. »

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La naissance de TitsUp

Au départ, il y avait donc surtout l’envie de créer leur propre entreprise, sans bien savoir dans quoi. L’idée de Titsup est venue après, un peu par hasard.

« Un jour, je n’avais pas envie de mettre de soutien-gorge et j’ai décidé de mettre 2 patchs sur un t-shirt, à l’emplacement des tétons. Je suis sortie comme ça dans mon quartier. Je n’avais pas l’impression de faire quelque chose de révolutionnaire, je me disais juste « c’est cool et j’aime bien ». Beaucoup d’hommes mais aussi certaines femmes m’ont dit qu’elles trouvaient ça vulgaires, que jamais elles ne porteraient ça. Je ne m’attendais pas du tout à provoquer tant de réactions négatives. J’en ai parlé à Marco, on a fait des tests, posté des photos des t-shirts sur des forums pour recueillir des avis et on a également eu des remarques de certaines femmes qui nous disaient que ça faisait un peu « salope », carrément ! On a aussi eu des avis positifs mais ces avis négatifs nous ont vraiment marqués. On s’est dit puisque c’est ça, il faut commercialiser ce t-shirt, le généraliser, c’était presqu’un acte militant. »

TitsUp, c’est donc une expérience personnelle transformée en un produit fun et engagé, qui incite les femmes à s’habiller comme elles veulent en s’affranchissant du regard des autres. Car avec TitsUp, Alicia et Marco voulaient avant tout montrer que non, deux dessins collés sur un t-shirt à l’emplacement des tétons, ça n’est pas déplacé. Une manière, finalement, de nous amener à dissocier mode et morale et de combattre bien des idées reçues qui peuvent devenir dangereuses quand elles permettent de justifier ou de minimiser certaines violences faites aux femmes. Si ce message semble évident en théorie, il existe encore beaucoup trop d’endroits où le conservatisme entrave la liberté des femmes.

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« Le jour où j’ai porté mon titshirt pour la première fois, j’étais chez moi, en banlieue et je pense que je n’aurais pas eu le même accueil si je l’avais porté ailleurs. C’est aussi pour ça qu’on a voulu généraliser nos produits, on aimerait faire en sorte que ça ne choque plus personne, nulle part, que plus personne ne trouve ça vulgaire. Quand j’ai l’occasion d’aller à Paris et que je porte mon titshirt, je n’ai pas la même impression qu’à Drançy, la mentalité est différente. Je ne critique pas l’endroit d’où je viens mais je suis obligée de constater que les choses sont différentes. Et c’est aussi pour ça qu’on veut œuvrer à changer ça. »

Il s’agit donc de faire évoluer les mentalités afin que partout, les femmes soient libres de s’habiller comme elles le souhaitent sans craindre de dénigrement. Depuis le départ, cette mission était centrale pour Alicia et la création d’une marque de mode était un prétexte pour y parvenir.

« Bien sûr, j’aime la mode depuis toujours mais ce qui nous plaisait, c’était l’idée et le message fort qu’elle portait plus que la volonté de créer une ligne de vêtements. On aurait pu avoir une idée qui n’aurait rien eu à voir avec la mode. L’important, pour nous, c’est que certaines femmes qui n’oseraient a priori pas porter nos produits puissent changer d’avis en voyant d’autres femmes les porter, via Instagram notamment, avec l’idée d’influencer, de diffuser ces images. On aimerait que ces visuels fassent partie du paysage et qu’on finisse par trouver ça banal. On aimerait inciter toutes les femmes à se libérer et à se dire, pourquoi pas moi ? »

Faire tomber les barrières moralisatrices que les femmes s’imposent souvent elles-mêmes, cela passe aussi par plus de bienveillance, de tolérance et de solidarité entre femmes. Parce qu’en se soutenant mutuellement, on se libère.

« J’aime assez l’idée que notre marque incite à la sororité. On a préparé une nouvelle collection axée sur l’acceptation de soi, de son corps. On aimerait aider les femmes à changer la façon dont elles se voient, dont elles s’acceptent, les inciter à être bienveillantes envers elles-mêmes et toutes les femmes. »

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Prévenir le cancer du sein

Au-delà d’habiller les seins des femmes et de les libérer, Alicia et Marco veulent aussi les inciter à en prendre soin, à les protéger. Pour cela, TitsUp reverse 1€ par t-shirt vendu à l’association « Cancer du sein, parlons-en ».

« Nos clientes ont entre 18 et 25 ans et ce n’est pas forcément un sujet auquel elles sont sensibles. Pourtant, il y a quand-même 1 femme sur 8 en France qui est touchée par le cancer du sein, c’est énorme. C’est une des maladies dont on parle le plus, avec par exemple Octobre rose, il y a tout un mois qui y est consacré, mais chez les jeunes filles, on n’est pas si renseigné que ça et on n’en parle pas tellement. Les seules filles de mon âge qui y sont sensibles, ce sont des filles dont des proches ont été touchées. On a donc envie de soutenir cette cause en montrant par exemple aux jeunes femmes la prévention via l’auto-palpation. »

La marque veut aussi s’adresser aux femmes qui ont eu à subir cette épreuve pour les aider à accepter leur nouveau corps, à se trouver belles et libres de porter ce qu’elles veulent.

« On veut leur dire qu’on est toutes belles et qu’il faut être fière de ses seins, même si on n’en a plus qu’un, même si on n’en n’a plus du tout, il faut être fière de son corps. On a d’ailleurs reçu des messages de femmes qui ont subi une opération d’ablation d’un sein, ou même des 2, et qui nous remerciaient en nous disant que ce t-shirt, ça leur mettait du baume au cœur, ça les réconciliait avec leur poitrine. Ça nous plaît de leur rendre le sourire avec nos produits qui se veulent, bien sûr, marrants. »

Des T-shirts en coton bio

Pour être en cohérence avec ce message de prévention et de protection, Alicia et Marco ont fait le choix de produire des vêtements en coton bio, exempts de produits chimiques nocifs pour la santé et la planète. Preuve que l’on peut créer des vêtements de qualité à des prix abordables, de manière éthique et respectueuse de l’environnement !

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Et demain, oser s’aimer toujours plus

Quant à l’avenir, pour l’instant Alicia et Marco le construisent pas à pas en capitalisant sur leur créativité, leur communauté et sur ce qui les porte désormais plus que toute autre chose : la cause des femmes et la lutte contre le cancer du sein.

« Aujourd’hui, cette dimension militante, on y a vraiment pris goût, on adore ça et on a envie de persister dans cette voix : on veut inspirer les femmes, habiller leurs seins, être une marque décomplexée, aborder des sujets pas toujours drôles avec humour. On veut aussi développer un côté un peu plus mode, on découvre le monde de la mode depuis un an seulement, mais on aime ça et on aimerait à l’avenir allier les deux. »

Militer et faire de la prévention tout en étant une véritable marque de mode proposant des produits audacieux, le tout sans jamais se prendre trop au sérieux, tel est donc l’objectif de TitsUp pour les années à venir. Une aventure qu’on a très envie de suivre de près, tant leur énergie est communicative et inspirante !

Retrouvez Titsup sur Instagram et sur leur site !

Crédit Photos : Titsup

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