Dehors, le vent humide fait voler les feuilles mortes. La chaleur de leurs couleurs ne fait pas illusion et le soleil, de plus en plus timide, a bien du mal à faire comme s’il ignorait que tout près, l’hiver est là, déjà, en embuscade, attendant le prochain solstice pour s’emparer de la nature. À l’abri derrière les fenêtres, au fond du canapé, on combat le spleen automnal en plongeant dans un livre. Oui, mais lequel ?

 

johnson-novembreTRAGIQUE

Novembre – Josephine Johnson

Ce roman publié pour la première fois en 1934 reçut le prix Pulitzer l’année suivante. Longtemps introuvable, il a été réditéé aux éditions Belfond Vintage en 2017.

Ce texte d’une grande poésie raconte le destin tragique d’une famille frappée de plein fouet par la grande dépression qui a fui la grande ville ravagée par le chômage et la pauvreté pour s’installer dans une vieille ferme familiale du Midwest où une vie non moins rude les attend. La vie des 3 filles de la famille en sera totalement bouleversée.

« Novembre. À présent je revois d’un seul coup nos vies durant les années passées. Cet automne est à la fois une fin et un commencement, et les jours naguère brouillés par ce qui était trop proche et trop familier sont clairs, étrangers à mes yeux.»

 

gras-hiver-troussesAVENTUREUX

L’hiver aux trousses – Cédric Gras

Le récit du voyage de Cédric Gras, écrivain géographe, qui accompagne l’automne à travers l’extrême-orient russe, une région inhospitalière et méconnue courant des terres septentrionales de Sibérie jusqu’à la mer du Japon. Un magnifique voyage teinté de ces couleurs intenses et subtiles qui ne s’admirent qu’en automne.

« L’automne est avant tout un charme d’hier, un décor poli par le temps. Il m’a toujours semblé que l’été est un dessin d’enfant colorié à l’aide d’une boîte de crayons de six couleurs. Ses teintes sont primaires, le ciel est trop bleu, les nuages immaculés, l’herbe grassement verte et le soleil, une pépite aveuglante. Le spectre des pigments est utilisé sans art. C’est un monde sans nuances où les feuilles sont gorgées de chlorophylle, la mer est azur et les couchants pareils à ceux des cartes postales. Cela empeste les vacances et la canicule. Le voyage doit avoir un autre éclat. »

Cédric Gras présente son livre : https://www.youtube.com/watch?v=AETPxIbOIBY

 

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Un balcon en forêt – Julien Gracq

Une forêt sombre des Ardennes à l’automne 39, au coeur de la drôle de guerre. Un jeune aspirant nommé Grange prend son affectation dans un blockhaus perdu dans les bois. Il attend, comme ses collègues, une guerre qui ne vient pas et la réalité s’efface peu à peu pour céder la place à une atmosphère irréelle où son esprit s’égare.

« Jamais Grange n’avait eu comme ce soir le sentiment d’habiter une forêt perdue : toute l’immensité de l’Ardenne respirait dans cette clairière de fantômes, comme le cœur d’une forêt magique palpite autour de sa fontaine. (…) Pour la première fois peut-être, se disait Grange, me voici mobilisé dans une armée rêveuse. Je rêve ici — nous rêvons tous — mais de quoi ? »

 

 

rebecca-du-maurierANGOISSANT

Rebecca – Daphné du Maurier

Quand elle emménage à Manderley, le manoir majestueux de son nouvel époux, la jeune et timide héroïne de ce livre comprend rapidement que le fantôme de Rebecca, sa précédente femme morte un an auparavant, hante encore le domaine. Ce récit sombre et angoissant à souhait fut adapté au cinéma par Hitchcock en 1940.

« La maison était un sépulcre : nos peurs et nos souffrances étaient enfouies parmi les ruines. Il n’y aurait pas de résurrection. Lorsque je penserais à Manderley durant les heures de veille, je n’éprouverais aucune amertume. Je reverrais le domaine tel qu’il aurait pu être, si j’avais pu vivre affranchie de la crainte. »

 

 

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Jean-Claude Mourlevat – Mes amis devenus

Embarquons pour l’île d’Ouessant assister aux retrouvailles de 5 amis d’enfance, 40 ans après leur dernière entrevue. L’occasion pour l’auteur de revenir sur l’histoire de chacun des protagonistes avant de les mettre en présence. Un livre empreint d’une douce nostalgie, émouvant, qui vous poursuit longtemps après la dernière page.

« J’étais tombé ami comme on tombe amoureux. Après cela je n’ai plus jamais été seul dans ma vie et cinquante ans plus tard, c’est ce même Jean que j’attends, accoudé à une barrière métallique, sur l’embarcadère du port d’Ouessant, en cet après-midi d’octobre. »